Sur les traces de l’amour en Amazigh
Après avoir gagné ses galons avec son documentaire “Tin- ghir-Jérusalem, les échos du Melah”, sorti en 2013, Kamal Hachkar poursuit son travail sur l’histoire et l’identité marocaines dans sa dimension amazighe. Dimanche 5 février 2017, le réalisateur franco-ma- rocain s’est invité à la prime-time de la chaine marocaine 2M, avec son nou- veau film documentaire “Tassanou Tay- rinou”, littéralement “mon foie, mon amour”. Durant un peu moins d’une heure, le documentaire transporte le téléspectateur dans un voyage fas- cinant à Tinghir, Demnate, Imilchil et d’autres contrées du Sud-Est du Maroc. «Je voulais faire un road-movie musi- cal sous forme d’un conte qui s’ouvre et se clôture à Tinghir, et pendant ce temps j’amène le téléspectateur dans un voyage musical et paysager autour de la poésie et de poèmes amazighs qui chantent l’amour», nous explique le jeune réalisateur.
L’aventure a commencé par la décou- verte de la poétesse Mririda N’Aït Attikn, dont le recueil “Les Chants de la Tas- saout” est tombé aux oubliettes. Mal- heureusement, elle n’est pas connue par les jeunes Marocains, regrette M. Hachkar. «J’ai découvert un texte d’une force incroyable, une femme analpha- bète mais amoureuse et libre dans les années 1920 qui écrivait des textes sublissimes.» Le voyage se poursuit avec la rencontre de Hadda Ouakki, qui incarne, aux yeux du réalisateur, la “petite fille” de Mririda N’Aït Attikn.
Aimer sans «hchouma»
«Ce qui m m’a frappé, c’est la liberté des paroles qui abordaient le thème de l’amour sans les limitations du “hchouma” et de “lahya” (pudeur), avec beaucoup de poésie et de métaphore sur le lien entre la femme et l’homme, alors qu’en même temps, la société était conservatrice», poursuit le réalisateur. “Tassanou Tayrinou” devient alors un moyen pour faire redécouvrir aux Maro- cains la richesse de leur poésie et de leur patrimoine.
Mais pas que. D’après M. Hachkar, après la redécouverte, il faut passer à la réappropriation. «Je n’essaie pas de dire que les gens étaient plus libres avant, mais actuellement l’obscuran- tisme et le conservatisme progressent et on doit s’appuyer sur notre culture pour les contrer» ajoute-t-il. En plus de cette poésie amazighe, d’autes formes d’expression artistique, comme le Mal- houn ou la Aita, ou même la textes de l’auteur marocain Mohamed Choukri, constituent une nourriture intellectuelle à nos jeunes pour leur éviter de sombrer dans la haine de l’autre.
Pour rappel, “Tassanou Tayrinou”, est le deuxième dans une série de dix docu- mentaires sur le thème de l’amour qui seront diffusés sur 2M en 2017. Pour ce faire, la chaine a fait appel à dix réali- sateurs, cinq femmes et cinq hommes, dont Leila Marrakchi, Faouzi Bensaidi, Noureddine Lakhmari. Un premier docu- mentaire, celui de Sonia Terrab sur l’amour à Casablanca déjà été diffusé en janvier dernier.