Avec l’introduction en bourse par le gouvernement marocain d’une partie de Marsa Maroc, l’opérateur portuaire du royaume semble amorcer un premier pas vers la privatisation. Si certains saluent le montant levé grâce à cette opération, d’autres redoutent un scénario semblable à celui de la Samir.
1,94 milliard de dirhams, c’est le montant levé par le gouvernement marocain suite à l’introduction en bourse à hauteur de 40 % de la société Marsa Maroc lors de la première offre publique de l’année 2016, ont indiqué aujourd’hui les négociants, rapporte l’agence Reuters. Devant le succès de l’opération, la Bourse de Casablanca a dû annoncer la clôture anticipée de la période de souscription relative à l'IPO (Initial Public Offering) de Marsa Maroc. Elles ont été clôturées aujourd’hui à 14h30, alors que la clôture était initialement prévue le 30 juin.
L’opérateur portuaire, qui exploite dix ports à travers le royaume depuis sa création en 2006, a fait savoir qu’il recherchait actuellement des fonds dans le cadre de son expansion, ce dernier prévoyant de soumettre une offre pour deux terminaux du port de Casablanca. Il a également indiqué qu’il convoitait plusieurs zones portuaires d’Afrique du Nord et de l’Ouest.
Un premier pas vers la privatisation de l’entreprise, donc, qui pourrait contribuer à relancer le marché boursier du poumon économique du pays, en proie à des effets d’entraînement sur la crise de la dette qui sévit dans la zone euro, couplés à un manque d’investissements étrangers. En septembre 2014, le fournisseur d’indices financiers Financial times stock exchange (FTSE) avait en effet décidé de rétrograder la bourse de Casablanca du rang de « marché émergent secondaire » à celui de « marché frontière ». Autrement dit, si la bourse casablancaise dispose d’un marché financier établi, sa capitalisation boursière et sa liquidité restent encore faibles.
Les banques, premières bénéficiaires ?
Du côté de l’Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens (ATTAC), la privatisation de Marsa Maroc et, plus généralement, du secteur portuaire marocain, fait grincer des dents et n’est pas sans rappeler les heures sombres de la Société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage (Samir), endettée jusqu’au cou (44 milliards de dirhams) depuis sa privatisation en 1997. « Les banques seront les premières bénéficiaires de cette opération », déplore notamment ATTAC Maroc dans un communiqué publié le 21 juin dernier.
« Marsa Maroc est une société publique rentable, avec une croissance annuelle moyenne de 5 % et un résultat net consolidé en évolution de 18 % en 2015. Pour ATTAC Maroc, ce retrait de la gestion, du contrôle et de la propriété publique de ce secteur stratégique représente une autre nouvelle catastrophe. Le cas de la Samir en est le triste exemple de cette politique », lit-on encore.
La société Marsa Maroc, évaluée à environ 5 milliards de dirhams, a vendu 29,36 millions d'actions à 65 dirhams chacune. Son IPO a réussi à lever 1,94 milliards de dirhams, dont 600 millions de dirhams de titres vendus à des investisseurs individuels. En 2015, son chiffre d’affaires plafonnait à 2,17 millions de dirhams. Elle emploie environ 2 000 personnes.