L’Office des changes vient de dévoiler les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs du Maroc à fin juillet 2016. Et les nouvelles ne sont pas bonnes. Au menu, aggravation du déficit de la balance commerciale et baisse de près de 35 % des IDE.
Les finances de l’Etat marocain affichent grise mine au terme des sept premiers mois de l’année. Les indicateurs clés des échanges extérieurs sont au rouge, selon les données préliminaires fraîchement publiées par l’Office des changes (OC).
103,6 milliards de déficit commercial
A fin juillet en effet, le déficit de la balance commerciale s’est aggravé de 7,5 %, atteignant les 103,6 milliards de dirhams, contre 96,4 milliards à la même période l’an dernier. En cause, la hausse des importations plus importante que celle des exportations, explique l’Office.
En dépit d’une diminution de la facture énergétique de 12,6 milliards de dirhams et de 1,9 milliards de produits bruts, les importations ont augmenté de 4,8 % à 234,3 milliards de dirhams. Elles ont été portées par une hausse de 11,9 milliards de dirhams d’approvisionnement en biens d’équipement, de 6,2 milliards de dirhams en produits finis de consommation, de 3,6 milliards de dirhams en demi-produits et de 3,5 milliards de dirhams en produits alimentaires.
- 34,9 % des investissements directs étrangers (IDE)
En revanche, la hausse des exportations, de seulement 2,7 % à 130,7 milliards de dirhams, n’a pas permis de compenser le déficit. Les ventes à l’étranger ont grimpé de 5,1 milliards de dirhams pour l’automobile, 1,9 milliards de dirhams pour l’agriculture et l’agro-alimentaire et 1 milliard de dirhams pour le secteur du textile et cuir. Cependant, le secteur des phosphates a enregistré une baisse de 2 milliards de dirhams à fin juillet, soit 7,9 % par rapport à la même période en 2015.
Dans la même tendance, les IDE ont chuté de 34,9 % à 12,3 milliards de dirhams, en raison de la baisse des recettes de 17 %, quand les dépenses ont augmenté de 49,2 %.
Sur les sept premiers mois de l’année, les flux financiers auraient pu booster les indicateurs des échanges extérieurs du royaume, mais ils ont très peu progressé. Les recettes des Marocains résidant à l’étranger (MRE) n'affichent qu'un bond de 2,3 % à 34,9 milliards à fin juillet, contre 34,1 milliards à fin juillet 2015. Les recettes touristiques aussi sont en hausse de 2,5 % à 32,6 milliards de dirhams.
Une question de compétitivité
Pour un bilan de mi-parcours, les économistes s’accordent à dire qu’il serait hâtif de tirer des conclusions : généralement, les IDE peuvent être boostées par une ou deux opérations dans l’année, expliquent-ils en guise d’exemple. Celles-ci peuvent se concrétiser à n’importe quelle période de l’année. Idem pour les exportations et importations.
Néanmoins, les données de l’Office des changes montrent clairement que l’économie marocaine n’a pas été compétitive au cours des sept premiers mois de l’année, jugent-ils. « Il y a deux ans, le baril de pétrole était à 100 dollars, le déficit était d’environ 9 %. Aujourd’hui, le baril gravite autour des 40-50 dollars et le déficit dépasse les 7 % », fait remarquer l’économiste Mohamed Chiguer dans un entretien à Yabiladi. Pour lui, « la chose qui paraît évidente avant de voir comment s’achèvera l’année 2016 » n’est autre que l’échec de l’actuel modèle économique. « Il faut le revoir de fond en comble. La demande extérieure n’a pas réussi à être un moteur de croissance. »