L’une des avancées de la COP 21 de Paris a été de mettre en évidence le lien étroit entre la sécurité alimentaire et les changements climatiques. La COP 22, qui se veut celle de l’action, est déjà porteuse de deux initiatives, la «triple A», portée par le Maroc, et la «4 pour 1.000», lancée par la France.
«L’agriculture est aussi porteuse de solutions aux phénomènes des changements climatiques». Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, a fait ce rappel parce que ce secteur, grand consommateur d’eau et de sol, a «toujours été montré du doigt» s’agissant des changements climatiques. En présence du directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, et de Stéphane Le Foll, ministre français de l’Agriculture et de la forêt, Aziz Akhannouch a soutenu que l’agriculture est aussi porteuse de solutions, surtout pour l’Afrique. Ce continent compte déjà 10 millions de réfugiés climatiques en raison du dérèglement du climat. Ce phénomène risque de s’aggraver avec le doublement de la population africaine d’ici 2050. En Afrique, l’agriculture représente 35% des emplois directs, 70% des revenus des populations et constitue la première activité économique de 95% des pays. Face à cette situation, le Maroc a apporté une réponse innovante dite «Adaptation de l’agriculture africaine» ou AAA. Par cette initiative, poursuit le ministre, le Maroc œuvre à mettre l’agriculture au cœur des négociations pour mobiliser des financements plus importants.
À ce sujet, Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale chargée du changement climatique, estime que ce ne sont pas les fonds qui font défaut, mais un meilleur ciblage des pays bénéficiaires. «Sur les 1,5 milliard de dollars de subventions accordés aux combustibles fossiles, 60% profitent au pays développés», regrette Laura Tuck qui note que les innovations dans l’agriculture sont pour l’heure moins importantes que dans d’autres secteurs économiques. La nouveauté selon Stéphane Le Foll est qu’avec l’initiative portée par son pays, la «4 pour 1.000» permet à la fois de séquestrer le carbone de l’atmosphère et de fertiliser le sol. Plus un sol est couvert de végétation, plus il est riche en matière organique. «4‰ est le taux de croissance annuel du stock de carbone dans les sols qui permettrait de stopper l’augmentation actuelle du CO2 dans l’atmosphère», est-il souligné.