Mercredi 18 janvier 2017 | Économie

La finance islamique concurrencera-t-elle la finance classique ?

 La finance islamique concurrencera-t-elle la finance classique ?

C’est officiel. Après plusieurs années d’attente, le Maroc a enfin sa finance islamique. La banque centrale a, en effet, accordé, début janvier 2017, des agréments à cinq nouvelles banques «participatives», formulation officielle utilisée pour désigner finance islamique. Ces nouvelles entités sont portées par les principales banques de la place, à savoir la Banque populaire, CIH Bank, BMCE Bank of Africa, Attijariwafa Bank et le groupe Crédit agricole du Maroc. Chaque groupe bancaire marocain s’est associé avec un partenaire financier arabe, principalement dans les pays du Golfe.

Une expérience concluante

C’est ainsi que la Banque populaire s’est alliée avec Guidance Financial Group, une filiale du fonds souverain Qatari Barwa; CIH Bank avec Qatar International Islamic Bank; BMCE Bank of Africa avec le groupe bahreïni Dalla Al Baraka; et le Crédit agricole du Maroc avec la Société islamique pour le développement du secteur privé, une filiale de la Banque islamique pour le développement.

De son côté, seul le groupe Attijariwafa Bank, filiale de la holding SNI, se retrouve toujours en phase de discussion avec un partenaire étranger. Mais Attijariwafa a été précurseur dans le domaine en lançant, en 2010, Dar Assafa, qui propose des produits bancaires dits participatifs. Une expérience qui s’est révélée concluante, malgré toutes les critiques, compte tenu du nombre de clients importants qui ont souscrit aux nouvelles offres bancaires.

Dans la foulée des autorisations accordées par Bank Al Maghrib, celle-ci a également donné son feu vert à trois autres banques marocaines, filiales de grands groupes étrangers, pour lancer des fenêtres bancaires halal. Il s’agit de la BMCI, filiale de BNP Paribas; Société générale Maroc; et le Crédit du Maroc, filiale du groupe français, le Crédit agricole.

L’arrivée de la finance islamique au Maroc n’est pas le fruit hasard. Existant depuis 10 ans déjà en Angleterre et 5 ans en France, cette finance islamique trouve un engouement certain dans plusieurs pays du monde, dont le Maroc.

Selon une récente enquête réalisée par l’agence Reuters et l’Institut islamique de recherche et de formation rattaché à la Banque islamique de développement (BID), 98% des Marocains ont manifesté leur intérêt pour les produits bancaires islamiques.

Cette enquête a révélé que 84% des Marocains intéressés par les produits bancaires islamiques souhaitent que ces produits soient moins coûteux que ceux offerts par les banques traditionnelles.

43% des sondés ont cependant affirmé qu’ils ouvriraient des comptes bancaires auprès des établissements islamiques, même si les produits bancaires halal s’avèrent plus chers que les services bancaires traditionnels. Plus catégoriques encore, 30% ont déclaré qu’ils n’utiliseront plus que des produits financiers islamiques. Des pourcentages rassurants pour les nouvelles banques islamiques, qui constitueront à coup sûr un business florissant pour leurs promoteurs.