Mesdames et messieurs,
Les transitions politiques sont des périodes d’intenses actions par lesquelles les Etats et les sociétés se tracent de nouvelles perspectives à travers des solutions les plus adaptées, des stratégies proactives, réalistes et endogènes ainsi qu’une refonte totale de la gouvernance dans tous les secteurs.
La priorité à l’action n’implique pas cependant la négation de la réflexion qui est d’une utilité manifeste parce que génératrice de la lumière. La pensée, c’est le chemin de l’action car il nous faut d’abord savoir la bonne méthode à adopter pour parvenir à de meilleurs résultats, tant nos stratégies actuelles sont obsolètes et sans effets.
Périclès, grand stratège d’Athènes et homme de terrain, n’ignore pas pour autant l’importance de la réflexion constructive lorsqu’il prévient « qu’il est plutôt dangereux de passer aux actes avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu’il y a à faire ». « La pratique est aveugle sans la théorie », disait Emmanuel KANT.
Les transitions politiques et les défis de la consolidation sociopolitique méritent d’être saisis par la pensée. D’où toute l’importance du présent colloque qui nous rassemble aujourd’hui. Ce colloque est, au sens habermassien, une occasion d’agir communicationnel profondément ancré dans son contexte, le lieu d’une articulation intelligente de la « Théoria » et de la Pratique, un rendez-vous d’exercice d’une pensée active, structurante et tournée vers l’avenir.
À la vérité, ce qui se joue dans le cadre de ce colloque, c’est la dialectique de la théorie et de la pratique où la théorie fait corps avec la pratique dans une relation de co-détermination et de présuppositions réciproques. Nous sommes ici dans un cadre d’élucidation, de compréhension et de conceptualisation de la pratique, qui cesse d’être une simple occasion de tâtonnement et d’essai sans fin, pour devenir le lieu d’une manœuvre cohérente, intelligemment orientée, socialement et collectivement tournée vers une fin désirée, autrement dit vers le renforcement de la résilience face aux extrémismes violents dans une région à la croisée des chemins en quête de repères où les défis sont manifestement pressants.
Cet agora, sphère publique d’interaction communicationnelle, j’en suis persuadé, apportera des solutions novatrices aux défis multiples et actuels liés au contexte d’insécurité sans cesse croissante dans la région.
En initiant le colloque international, le Togo ambitionne, non seulement d'interpeller le monde scientifique sur son rôle et sa place dans l’édification des sociétés paisibles et stables, mais aussi de recueillir des propositions concrètes et novatrices susceptibles de nourrir les réflexions dans le cadre de la Conférence de haut niveau d’avril 2022. Les temps de crise présentent paradoxalement l’avantage d’être une occasion d’innovation.
Messieurs les experts,
Nous serons amenés au cours des travaux de ce colloque à explorer les forces et les faiblesses des différentes approches adoptées et mises en œuvre jusqu’ici par les pays et les organisations internationales afin de pouvoir répondre aux défis sécuritaires multiformes. Les débats devront également aboutir à des propositions pouvant concilier les exigences sécuritaires, toujours plus pressantes et vitales, avec la gestion des instabilités politiques également sources de tensions et de complications.
Conformément à ces différents objectifs, les travaux du colloque se dérouleront suivant trois axes prioritaires de discussions tels que le paradigme sécuritaire et les enjeux politiques, les défis contemporains de la paix et la sécurité au Sahel et la gestion et l’accompagnement des transitions politiques en cours en Afrique de l’Ouest.
Sur chacun de ces points, je voudrais nous inviter à l’innovation, à la pensée libre et scientifique ainsi qu’au pragmatisme. Notre devoir est aussi de repenser le multilatéralisme régional et international autour de la question sécuritaire en Afrique de l’Ouest en analysant les erreurs du passé pour mieux avancer.
L’urgence est donc à la réflexion constructive pour des actions plus concertées, plus efficaces et salvatrices. Nous devons oser sortir des sentiers battus, sortir des rangs, au besoin. Notre région est dans une phase critique de son histoire et il faut certes agir, mais agir plus efficacement.
Le Chef de l’Etat, S.E.M. Faure Essozimna GNASSINGBE attache de l’importance à ce colloque international auquel, je voudrais, en son nom, vous assurer de la pleine disponibilité et de l’engagement de la République togolaise à soutenir vos recommandations et à adhérer à toutes les initiatives innovantes et solidaires qui permettront de remettre la région sur la voie de la stabilité et de la paix durables.
Sur ce, tout en vous renouvelant mes mots de bienvenue et de remerciements à l’endroit du PNUD, notamment à l’endroit de son Représentant Résident, je déclare ouverts les travaux du colloque international de Lomé sur « La gestion des transitions politiques et le renforcement de la résilience face aux extrémismes violents - cas de l’Afrique de l’Ouest ».
Plein succès à nos travaux et bon séjour à toutes et à tous à Lomé.
Je vous remercie.
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