Rachetée ou radiée. Voilà les deux seules issues pour la situation de la raffinerie la Samir. Pour mettre en avant l’option de la reprise de l’activité, et donc du rachat, les 900 employés comptent organiser un nouveau sit-in, ce samedi 26 novembre. La tentative de la dernière chance ?
Tombé dans l’oubli depuis l’annonce de sa liquidation, le dossier de la Samir, unique raffineur du royaume à l’arrêt depuis plus d’un an, revient sur les devants de la scène. Plusieurs opérateurs ont été évoqués, dont le groupe Akwa Group appartenant à Aziz Akhannouch, ministre sortant de l’Agriculture et nouveau président du RNI. Le groupe s’est empressé de démentir. « Suite à la diffusion d’une information dénuée de vérité relative au dépôt par “Akwa Group” d’une offre d’achat de la raffinerie Samir, la société Afriquia SMDC, filiale de Akwa Group, dément formellement cette information dans sa totalité », avance le département communication du groupe. Et de clarifier : « Afriquia assure par ailleurs que la proposition d’une offre pour l’acquisition de la raffinerie n’a été ni étudiée ni envisagée ».
Même Mohamed El Krimi, le seul maître à bord de la raffinerie depuis plusieurs mois, affirme qu’il n’a reçu aucune offre d’acquisition pour la raffinerie, que ce soit de la part d’opérateurs étrangers ou nationaux. Néanmoins, il consent à demi-mot, avoir reçu des demandes d’informations de la part de groupes étrangers. Selon nos informations, la raffinerie dont l’outil de production est fortement convoité intéresse certains étrangers. C’est le cas, notamment, de la société pétrolière publique azerbaïdjanaise, Socar. Le pétrolier asiatique, qui figure parmi les 50 plus grosses compagnies pétrolières au monde, vient de lancer, selon nos informations, une due diligence pour étudier l’opportunité d’investissement et s’assurer de la viabilité de l’outil de production.
Mais, à l’approche de la fin de la période de grâce accordée au syndic Mohamed El Krimi, fervent défenseur de la solution de la reprise de l’activité pour mieux vendre la Samir, on se demande s’il y a encore de l’espoir pour sauver la raffinerie. Pour leur part, les employés, otages de la situation de la raffinerie, continuent d’y croire. Ils organisent un sit-in ce samedi 26 novembre devant la préfecture de Mohammedia pour justement « défendre les acquis des actifs et les retraités Samir », disent-ils. En d’autres termes : reprendre la production. Une option peu probable malgré les efforts fournis dans ce sens. Les raisons sont nombreuses, mais nous ne citerons que celle relative à l’incapacité du Syndic à s’approvisionner en la matière première nécessaire au redémarrage de la production.
La seule option qui semble valable reste donc la liquidation, dont le délai prend fin en décembre. Vérification des créances, évaluation du patrimoine de l’entreprise, audit de la situation financière… sont autant de missions confiées au syndic. Une fois toutes ces étapes achevées, il s’en suivra une vente aux enchères avec un seuil plancher. Les créanciers devraient être remboursés, « mais avec la dette que traîne la société, ils ne toucheraient probablement pas plus du quart de leur dû, dans le meilleur des cas », avait déclaré un expert financier dans un article publié dans l’hebdomadaire TelQuel en avril 2016. Les 900 salariés, qui deviendraient automatiquement des créanciers après la liquidation, devraient également percevoir un solde de tout compte. Il serait ensuite procédé à la radiation de Samir et ses 57 ans d’activité de tous les documents légaux du pays.