Mercredi 7 août 2019 | Actualités | Diaspora | Médias

HCTE:Le Ministre Robert Dussey éclaire de nouveau dans cette interview exclusive

Depuis 2014, en raison de l’importante contribution de la diaspora togolaise dans le développement du pays, le gouvernement sur demande celles-ci, a décidé de la réorganiser en la dotant d’organes qui permettent de mieux gérer et accroître la contribution de la diaspora au développement du Togo. Ainsi, afro-réaliste et convaincu que les togolais de l’extérieur jouent un rôle important dans le développement du Togo, le Ministre Professeur Robert DUSSEY en charge des togolais de l’extérieur a entrepris le processus de mise en place du Haut Conseil des Togolais de l’extérieur (HCTE) tel que recommandées par les assisses de la diaspora togolaise tenues à Lomé en 2014. Malheureusement, ce processus fait face à de multiples polémiques de la part d’une partie de la diaspora. La rédaction du journal panafricain en ligne www afrique-news.info, pour permettre à ses lecteurs de mieux comprendre les tenants et aboutissants de ce processus, s’est entretenue avec le ministre Robert DUSSEY sur le mécanisme en cours en vue de la mise en place du HCTE. Voici en exclusivité et en intégralité, nos échanges.

Lisez plutôt Afrique-News.info (AFN): Monsieur le ministre, le Togo par l’entremise de votre cabinet en charge des togolais de l’extérieur, veut réorganiser sa diaspora. Pourquoi une telle initiative ?

Pr. Robert Dussey, Ministre: Notre pays, en plein modernisation, offre un
environnement favorable, avec de multiples opportunités pour la diaspora togolaise, afin de renforcer sa contribution au développement économique, social et politique. Or, cette mobilisation des Togolais de l’extérieur suppose une meilleure organisation des membres de la diaspora et de leurs représentants. Et c’est pour relever ce défi de l’optimisation de la représentativité et de l’organisation des Togolais de l’extérieur que le Gouvernement a lancé le projet de création du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) par élection de ses membres. Ce projet s’inscrit dans la vision du Président Faure Essozimna Gnassingbé, celle d’assurer une meilleure organisation de la diaspora togolaise en vue de sa plus adéquate implication dans les efforts de développement national.

AFNLe processus en cours en ce moment est la mise en place du HCTE. Quelles sont les attributions de cet organe et où en êtes-vous avec les préparatifs ?
Pr. Robert Dussey, Ministre: Je vous rappelle que d’après nos textes, les principales attributions du HCTE sont :

  • Rassembler, représenter et défendre les intérêts de tous les ressortissants togolais
    résidant à l’étranger sans distinction d’origine régionale, ethnique, religieuse, sociale, de sexe et de profession ou d’opinion ;
  • Assurer la pleine et active participation des Togolaises et Togolais de l’extérieur au
    développement économique, social et culturel du Togo ;
  • Participer à la promotion du rayonnement du Togo dans le monde ;
  • Faire mieux connaitre et respecter les législations des pays d’accueil ;
  • Susciter des actions sociales susceptibles d’améliorer les conditions de vie des Togolaises et des Togolais de l’extérieur ;
  • Apporter toute assistance aux structures associatives togolaises dans la mesure des moyens disponibles ;
  • Promouvoir des activités culturelles et sportives au sein des communautés
    togolaises à l’extérieur ;
  • Servir d’interface entre le Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration
    Africaine et des Togolais de l’Extérieur et les associations et autres regroupements.
    Selon le processus électoral, les principales étapes de mise en place du HCTE sont :
  1. Lancement du HCTE, Communication et sensibilisation (02-juil – 15-sept,
  2. Appel à inscription des votants (15-juil – 15-aoû),
  3. Appel à candidatures pour être Délégués pays ou de circonscription (15-juil – 10-août),
  4. Validation des Electeurs inscrits pour voter dans leurs pays (16-juil – 15-août),
  5. Evaluation des Candidatures et Short-List des Candidats (10-août – 15-août),
  6. Publication de listes des Candidats par pays et Circonscription (15-août),
  7.  Campagne électorale en vue de l’Election des Délégués du HCTE (20-août – 20-sept),
  8. Vote Electronique par les Togolais de l’Extérieur inscrits (20-sept – 30-sept),
  9. Dépouillement et compilation de résultats (01-oct – 15-oct),
  10. Publication des résultats : Liste des 77 Délégués Pays du HCTE (15-oct),
  11. Installation du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (28-29-nov).

Etant aux phases 4 et 5 du chronogramme, nous sommes donc à mi-parcours de ce processus électoral lancé depuis le 02 juillet.

AFN: La mise en place de cet organe fait face à de sérieuses critiques. Comprenez-vous ces critiques ? Et comment comptez-vous rassurer la diaspora togolaise sur le bien-fondé de cet organe ?

Pr. Robert Dussey, Ministre: Il convient de préciser qu’au cours des assises de la diaspora togolaise tenues en 2014 en Europe (Paris), en Amérique (Montréal) et en Afrique (Lomé), les Togolais de l’Extérieur ont adopté des recommandations au rang desquelles figure en bonne place et comme une des priorités, la création du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur.

On note également que dans plusieurs pays ouest africains, le Haut Conseil de la diaspora servant d’interface entre le Gouvernement et la diaspora, est une institution dont la mise en place est souvent impulsée par les pouvoirs publics (Cas du Maroc et du Burkina Faso).

Il apparaît que la création du HCTE n’est qu’une réponse à la préoccupation de la diaspora qui veut, à travers cette instance de dialogue, participer à la construction nationale.

Ainsi, ce sont les différentes associations des Togolais de l’extérieur elles-mêmes qui ont exprimé le besoin de mieux s’organiser pour la défense de leurs intérêts. Elles sont bien conscientes de la nécessité de se regrouper en une instance fédérative, inclusive et non discriminante qui renforce leur représentativité et qui permet de mieux capitaliser leurs apports au développement du Togo et de mieux dialoguer avec le Gouvernement.

AFN: Monsieur le ministre, le mécanisme de mise en place de la CEI et celui du vote des 77 délégués du HCTE sont farouchement critiqués par une bonne partie de la diaspora. Pouvez-vous nous rappeler la démarche ayant conduit à la mise en place de la CEI ainsi que les garanties pour la transparence du vote dans la mesure où l’on parle de la possibilité du vote multiples avec des comptes fictifs?

Pr. Robert Dussey, Ministre : Le nombre de 77 sièges attribués aux quatre zones-continents et particulièrement les 45 sièges affectés à l’Afrique se justifient par un certain nombre de données et critères principalement démographique et économique.
Au titre du critère démographique, nous rappelons que la diaspora togolaise est estimée entre 1,5 et 2 millions de compatriotes dans le monde. Les Togolais de l’Extérieur vivant en Afrique représentent entre 1 et 1,3 Millions de personnes soit près des 2/3 de la diaspora.

Au titre du critère financier, nous relevons que les transferts de la diaspora vers le Togo représentent 420 Millions d’USD en 2018. Près de 70% de ces transferts proviennent d’Afrique et 20 % viennent d’Europe selon les chiffres de la Banque Mondiale.

La mise en place de la Commission Electorale Indépendante du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (CEI-HCTE) repose sur la mise en œuvre d’une procédure d’appel à candidatures ayant permis d’identifier les membres chargés de conduire le processus électoral jusqu’à son terme. Il s’agit d’une Commission Electorale ne comportant aucun responsable du Ministère pour en assurer l’indépendance.

Concernant les risques d’inscriptions multiples, nous tenons à rappeler que
l’enregistrement en ligne est une phase initiale qui fait l’objet d’un travail de dédoublage et de suppressions de tous les enregistrements multiples renvoyant aux mêmes noms, aux mêmes adresses ou aux pièces d’identités des mêmes personnes. Ainsi après nettoyage, toutes les inscriptions dites multiples seront supprimées dans le fichier électoral validé.

Il est donc particulièrement inconséquent de considérer le simple fait de pouvoir s’enregistrer en ligne en manipulant les noms, adresses ou pièces d’identité comme la preuve de la possibilité d’inscriptions multiples car l’inscription n’est définitive et validée qu’après l’apurement et le nettoyage du fichier électoral. Les éventuels comptes dits fictifs seront identifiés et supprimés et ainsi le principe de « un vote par Togolais de l’Extérieur » sera respecté. Les prétendus risques de comptes fictifs tiennent à une certaine méconnaissance des processus électoraux incluant nécessairement le toilettage indispensable du fichier électoral pour supprimer toutes les anomalies.

Plus globalement, toutes les garanties de transparence existent et tiennent
particulièrement à la nature même du dispositif innovant de vote électronique qui rend automatique la prise en compte des votes et en permet donc une meilleure traçabilité.

AFN: Selon nos informées outre les délégués qui seront élus, il y aura un comité qui sera nommé et qui va coordonner la diaspora. Si oui, pourquoi avez-vous opté pour la nomination au lieu de l’élection par la diaspora elle-même des membres de ce comité ?

Pr. Robert Dussey, Ministre: Il n’est prévu aucun comité chargé de coordonner la diaspora. Le HCTE reste l’instance dédiée à ce rôle de coordination et de représentation à travers les Délégués Pays élus.

AFN: Sans langue de bois, dites-nous Monsieur le ministre, est ce que comme le pense beaucoup de personne, cette initiative vise comme finalité, le contrôle du vote de la diaspora togolaise en 2020 ?

Pr. Robert Dussey, Ministre: Je voudrais à travers ma réponse à cette question appeler à la mesure et à la pondération face à un certain nombre de confusions notamment : les liens non démontrés souvent faits entre le processus électoral du HCTE et la question du vote de la diaspora, les affirmations non argumentées sur les risques de contrôle de vote et d’autres intentions prêtées au gouvernement sans en apporter les preuves ou justificatifs.

La solution innovante de vote électronique mise en œuvre pour l’élection des Délégués Pays du HCTE vise d’abord à répondre aux exigences de représentativité, de démocratie participative et de transparence pour assurer une base solide de légitimé et de légalité conférée par le vote. Le vote électronique à l’échelle du monde entier est une première dans l’histoire du Togo qui vise d’abord à faire élire les Délégués Pays par les Togolais de l’Extérieur du pays de résidence concerné.

Rien ne permet de dire à ce jour si ce mécanisme de vote électronique serait retenu pour le vote de la diaspora qui suppose la mise en œuvre d’un plan de préparation des modalités pratiques y compris le recensement, le principe du vote étant acquis conformément à la Constitution. Et il est évident que la mise en place du HCTE, offrant un cadre permanent de concertation entre la diaspora et le Gouvernement, ne peut que contribuer à accélérer les processus de concrétisation du vote de la diaspora.

AFN: Pour nous qui sommes une presse panafricaine, nous ne pouvons terminer cet entretien sans un mot sur l’Afrique. Que pensez-vous Monsieur le ministre de l’intégration africaine avec la ZLEC et quel regard portez-vous sur la résolution des différentes crises et terrorisme en Afrique ?

Pr. Robert Dussey, Ministre : Selon l’agenda de l’UA et les ratifications encours, le ZLEC devrait entrer en vigueur courant 2020. Par ailleurs, je tiens à rappeler que notre pays le Togo a été honoré par l’UA qui a confié au Président Faure GNASSINGBE sur le leadership pour la montée en puissance du marché unique du transport aérien africain (« African Open Sky »), cette libération du ciel africain étant un des facteurs clés d’accélération de la libération des échanges prônée par le ZLEC.

Le développement et surtout le progrès social sont les premiers remparts stratégiques contre les différentes crises et terrorisme en Afrique. Il est donc important que les progrès se poursuivent et s’intensifient sur le continent notamment dans les domaines des programmes dédiés aux populations à la base et surtout pour les jeunes qui sont les premières victimes des tumultes que connait notre continent. Nous devons donc travailler sur les causes plus structurelles de nos crises, à savoir : le poids du passé marqué par l’esclavage et le colonialisme, l’ingérence des puissances hors Afrique dans leur guerre d’influences et enfin les questions de mal gouvernance.

Je reste un afro-réaliste, convaincu que les mutations en cours sur le continent sont aussi sources d’opportunités que les africains peuvent exploiter pour bâtir une Afrique reposant sur des forces véritablement africaines. C’est cette nouvelle vision afro-engagée que le Togo incite les diasporas noires des ACP, aux côtés des décideurs du continent, à soutenir et à promouvoir lors du Premier Forum Economique de la Diaspora Africaine prévu les 28 et 29 novembre 2019, pour faire de Lomé, la Capitale Mondiale de la Diaspora Africaine.

AFN: Votre mot de la fin pour terminer monsieur le ministre

Pr. Robert Dussey, Ministre: Je voudrais inviter les membres de la diaspora togolaise à mettre en avant l’amour de notre chère patrie afin de mobiliser toutes les énergies pour son développement social, économique et culturel.

Particulièrement pour le Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur, je les invite à ne pas succomber au piège du repli sur soi et à œuvrer inlassablement en vue de la participation massive des Togolais de l’extérieur au processus de mise en place de cette instance fédératrice et inclusive au service du développement du Togo.

Interview réalisée par JC BAKALI, pour AFN

Sources : www.afrique-news.info & www.togotimes.info